Test de l'AYN Odin Pro : la Switch Lite sous Android (2024)

Lorsque l’on se passionne pour le milieu de la tech, on finit toujours par atteindre un point où l’on se dit : et si ce produit était capable de faire ça ? Or, dans un monde où les constructeurs comme Apple ou Nintendo ont tout intérêt à maîtriser de bout en bout leur chaîne pour optimiser leurs profits, ces rêves d’ouverture sont généralement noyés aussi vite qu’ils apparaissent. Mais le milieu des consoles portables subit une belle transformation depuis que les puces ARM se popularisent : de nombreuses références naissent dans les petit* locaux de Shenzhen, dont nous vient l’AYN Odin Pro.

Caractéristiques de l’AYN Odin Pro

Design et ergonomie : une Switch confortable

Pourquoi briser une formule qui fonctionne ? L’AYN Odin Pro a très naturellement un grand exemple devant lui : celui de la Nintendo Switch Lite. En vérité, elle en reprend largement le design et le placement de ses éléments, faisant qu’une sacoche pour la console du constructeur japonais conviendra généralement à cette nouvelle console.

La différence se joue sur l’ergonomie. Quand Nintendo continue d’apprécier les consoles plates qui ne sont pas particulièrement confortables pour des mains d'adultes, la Odin Pro a la bonne idée d’offrir des petites buttes sur lesquelles poser confortablement ses mains et avoir une tenue rassurante. Le confort est immédiat et soutenu, d’autant plus que la console ne pèse que 365 grammes.

Cette notion de confort se retrouve également dans le layout de la console, qui sera là encore familier. On retrouve à gauche un stick renfoncé qui rappelle la Switch Lite, et une croix directionnelle qui évoque plutôt la PS Vita de son côté. A droite se trouve le point peut-être le plus controversé de la console : ses touches ABXY, organisées à la façon de Nintendo. Ce n'est pas un mal, mais une console libre aurait plutôt intérêt à utiliser le format plus moderne aujourd’hui de la Xbox et de la PlayStation. On y retrouve également un petit bouton Home au coin supérieur de l’écran, les boutons Start et Select, et un joystick du même acabit que le côté gauche.

C’est peut-être à l’arrière que la configuration convainc le plus. On y retrouve en effet les L1/R1 et L2/R2 habituels, mais ces derniers sont analogiques, ce qui est étrangement rare sur ce genre d’appareils. D’autant que ces derniers ont une course satisfaisante. En prime de ces boutons, on retrouve également des M1 et M2 sur les poignées de la console, qui pourront servir à définir des raccourcis spécifiques dans certains jeux.

Côté connectiques, on retrouve en haut de l’appareil un port microSD et un port Mini HDMI, tous deux cachés par un petit volet en caoutchouc. En bas de l’appareil se trouvent les deux haut-parleurs stéréo, le port combo jack ainsi que le port USB-C, qui peut servir autant à la recharge qu’au transfert des données ou la connexion à un écran externe.

Pas plus de fioritures que cela, si ce n’est un petit logo au coin à gauche de la face avant que l’on oubliera bien vite. L’AYN Odin Pro n’a définitivement pensé qu’à une chose : son ergonomie. Et c’est impossible de l’ignorer : la mission est parfaitement réussie. Voilà une console portable qui est capable d’être lancée à la va-vite dans un sac, et peut être tenue pendant des heures à jouer dans de multiples environnements sans jamais être inconfortable. Reste une seule chose, qui est le lot de ce format : les petit* sticks demanderont un temps d’adaptation.

Écran : large et lumineux

Contrairement à beaucoup d’autres consoles alternatives de son acabit, l’AYN Odin Pro mise sur un écran moderne. On retrouve donc une dalle 5,98 pouces IPS LCD au ratio 16:9 et en définition 1920 x 1080p. Celui-ci est protégé par un verre Dragontrail, et supporte évidemment le tactile.

Cet écran est lui aussi un point fort de la machine. Et pour cause : sa luminosité maximale, mesurée à 498 cd/m², qui lui offre une lisibilité excellente qu’importe que le soleil soit à son zénith ou non. C’est mieux qu’une grande partie des smartphones d’entrée de gamme, et largement meilleur que tous les ordinateurs portables d’entrée et de milieu de gamme du marché.

En prime, les performances de ce dernier ne sont pas mauvaises du tout. Il offre un mode contrasté et un mode naturel, pour qui voudrait des couleurs plus vives ou des couleurs plus proches du naturel, avec un taux de contraste excellent de 1672:1. Alors oui, il n’est pas particulièrement bien calibré en sortie d’usine, mais pour une machine aussi peu onéreuse, les caractéristiques que nous attendons le plus sont là.

D’autant que sa luminosité minimale est aussi relativement bien calibrée, faisant que jouer à la console de nuit ne vient pas éclater les yeux. Android oblige, on peut d’ailleurs aussi profiter du mode de réduction des lumières bleues en pleine partie. Son seul “défaut” finalement est de ne pas être un OLED ou de ne pas proposer un taux de rafraîchissem*nt supérieur à 60 Hz, mais ce sont deux aspects qu’on pardonne facilement face au tarif de la machine finale.

Logiciel : Android dans toute sa splendeur

Côté logiciel, on peut compter sur Android 10 ainsi que le patch de sécurité d’avril 2020. Si on compare ça aux derniers smartphones, c’est très mauvais, mais il faut voir que les consoles Android ont tendance à préférer Android 10 pour une simple raison : les versions successives ont introduit des bugs dans la manière de gérer certaines manettes. Il n’est donc pas étonnant de retrouver une version aussi ancienne sur l’Odin Pro. Vous pouvez quoi qu’il arrive accéder au Play Store dans son intégralité, y compris les jeux natifs à Android bien sûr.

AYN ne laisse pas la console sans quelques modifications possibles. Vous pouvez par exemple activer ou désactiver à loisir les LED entourant les joysticks et les bords de la console (absentes des modèles à coque transparente), passer vos touches en mode Xbox si vous le souhaitez (avec M1 servant de touche Xbox), et configurer précisément la sortie vidéo. Il est également possible de recalibrer vos joysticks et d’activer l’émulation d’une souris si vous ne souhaitez pas utiliser le tactile.

Surtout, AYN vous propose d’utiliser le Odin Launcher (ou le launcher classique, au choix) qui propose une expérience pensée pour être utilisée à la manette. Elle simplifie les éléments de l’écran, et s’inspire beaucoup de l’interface de la Switch pour cela avec de grands carrés colorés. Ce n’est pas l’interface la plus poussée au monde, mais c’est une bonne base pour quiconque veut se concentrer sur la facilité d’utilisation.

Vous pouvez également profiter d’un mapping de vos touches physiques sur l’écran tactile, afin de rendre compatible avec une manette des jeux qui ne le sont pas forcément. C’est le cas de Genshin Impact sur Android, à titre d’exemple. Les jeux compatibles manette détectent directement la Odin Pro sans le moindre problème.

Depuis sa sortie, la console n’a connu qu’une seule mise à jour. Les équipes se sont ensuite focalisées sur la sortie de l’Odin Lite, et promettent à l’heure de l’écriture de ces lignes que d’autres fonctionnalités seront vite ajoutées. On pense notamment au fait de pouvoir désactiver la manette intégrée lorsque l’on est connecté à un écran externe, qui facilitera l’utilisation de la console pour qui veut la même liberté qu’une Switch.

Notez un point important : j’ai découvert un bug qui fait que les performances sur le cloud gaming et le streaming local ne sont pas aussi bonnes qu’elles ne devraient l’être. Des applications comme le Game Pass, GeForce Now ou PSPlay fonctionnent sans le moindre problème, mais ne peuvent pas tirer partie de l’intégralité de la bande passante permise par la puce Wi-Fi 5, voire même de la connexion en Ethernet. De ce fait, si les performances sont correctes et permettent de jouer confortablement à des jeux solo, la puce est capable de bien meilleure. Après avoir échangé avec Andy Zhou, le créateur de l’AYN Odin Pro, nous avons conçu ensemble un environnement de test qui devrait permettre à ses développeurs de résoudre ce problème identifié comme étant logiciel. Reste à attendre une mise à jour.

Grâce à sa plateforme Qualcomm Snapdragon 845, la AYN Odin Pro est également compatible avec Windows 11 ARM. Des développeurs de la scène ont déjà créé une build (baptisée Valhalla) que vous pouvez installer en dual boot sur votre machine. Après test, je n’ai pas exactement trouvé d’utilité à celle-ci, faute d’un Windows ARM qui n’est vraiment pas au niveau côté optimisation. Impossible de lancer Final Fantasy 6 Pixel Remaster, c’est dire ! Une build de Batocera (Linux) est également en développement, et pourra être boot via carte SD.

Les bases sont là, et les équipes sont à l’écoute. Reste à AYN de prouver la qualité de son suivi au cours des prochains mois. Autrement, à espérer que la team Lineage OS ou tout autre développeur indépendant s’empare de la plateforme. C’est là aussi la beauté de la communauté du libre.

Performances : un Snapdragon 845 sous hormone

L’AYN Odin Pro se repose sur la puce Qualcomm Snapdragon 845, qui profite de 4 cœurs Kryo Gold et 4 cœurs Kryo Silver pour une fréquence maximale de 2,8 GHz. Elle est couplée à la puce GPU Adreno 630 cadencée à 787 MHz, et 8 Go de RAM LPDDR4x pour le modèle Pro (contre 4 pour le modèle Base). On profite également de 128 Go de stockage en UFS 2.1, contre 64 Go sur le modèle Base.

Le SoC n’a pas vraiment vieilli côté performance face aux derniers jeux Android, particulièrement dans ce package qui profite d’une ventilation active. Un ventilateur placé au dos de la machine récupère l’air frais, qui est ensuite expulsé sur le haut de la machine. De ce fait, le thermal throttling est totalement absent de la console. Vous disposez de trois modes de performances : classique, performance ou high performance. Le high performance permet d’overclocker légèrement le SoC, au prix d’une chauffe accrue.

Cependant, vous pouvez aussi régler la vitesse du ventilateur à loisir. Trois modes sont disponibles : smart, qui changera la vitesse du ventilateur automatiquement, quiet, pour que ce dernier reste discret, ou sport, pour qu’il tourne constamment à fond. Ce dernier est audible dans ce mode, sans être trop dérangeant. Dans tous les autres, on ne le remarque qu’en collant l’oreille sur l’appareil.

En vérité, l’alliance mode performance et ventilateur en smart reste toujours le combo gagnant, en attendant qu’AYN offre potentiellement un overclock augmenté dans une prochaine mise à jour. Et gagnant il est, puisqu’au-delà des jeux en cloud gaming pour lesquels la Odin Pro est particulièrement bien conçue, la console est capable de lancer aux performances maximales les derniers titres comme Diablo Immortal pour ne citer que lui (bien qu’il faudra feinter son fichier config pour cela).

En se dédiant exclusivement au jeu, la Odin Pro est capable de tirer bien plus du Snapdragon 845 que les smartphones l’ayant intégrés auparavant. Et le Play Store regorge d’expériences natives compatibles avec les manettes qui ne demandent qu’à être joué, comme de nombreux titres Square Enix pour ne citer qu’eux.

Autonomie : une vraie portable

L’AYN Odin Pro est fourni avec un câble USB A vers USB-C pour la charge, mais pas de bloc de charge. La console elle-même est compatible avec l’USB Power Delivery jusqu’à 15W ; n’importe quel chargeur de téléphone fera donc l’affaire, et vous pourrez même utiliser un chargeur d’ordinateur portable sans le moindre souci.

Vous profiterez ici d’une grande batterie de 6600 mAh. Celle-ci vous permet de jouer confortablement à de nombreux types de jeu pendant 8 heures en moyenne, voire 10 heures dans le cadre du cloud gaming ou d’un jeu local en 2D. Dans un monde où les consoles “portables” font maintenant 4 à 5 heures dans les meilleures conditions, c’est un véritable vent frais.

La console se recharge pleinement en 2 heures environ, et ne perd que très peu d’autonomie en mode veille. C’est vraiment excellent.

Conclusion

L’AYN Odin Pro est tout simplement tout ce dont peut rêver quiconque cherche une console libre, qui accepte qu’on la bidouille pour en tirer le maximum de performances. Elle a un excellent écran, une autonomie redoutable, et une très bonne qualité de fabrication. Reste un point sur lequel AYN doit faire ses preuves : son suivi logiciel. Des bugs importants persistent et des fonctionnalités sont encore réclamées par sa communauté. S’il répond présent, l’Odin Pro n’aura tout simplement plus aucun point négatif.